Anniversaire de l’élection de François Mitterrand

bonjour à tous

que fut pour la France (et pour moi) la victoire de François Mitterrand en 1981, que nous a t il appris, et que nous a t il laissé? Pour moi qui ai voté pour lui avec passion en 1981 (j’avais 20 ans ) et avec raison en 1988, je souhaite en cet anniversaire de son élection de vous faire partager mes idées et mon analyse sur le sujet.

L’élection d’abord. Il faut avoir vécu cette époque pour se représenter la liesse populaire qui s’est emparée de la France à ce moment là. C’était comme une deuxième libération, celle d’un trop long règne de la droite sur notre pays. Ce soir nous disait alors François Mitterrand, c’est la victoire de la jeunesse et de l’espoir. La majorité sociale du pays s’est identifiée à sa majorité politique.  le monde s’apprête à entendre la France lui parler le langage qu’il a appris à aimer d’elle.

C’était d’abord la réalisation d’un rêve, changer la vie. C’était aussi une forme de sidération. Plantu dessine le lendemain la Tour Eiffel dans le Monde avec cette légende Incroyable François Mitterrand est élu et la tour Eiffel est toujours debout. Le peuple de gauche, dont je fais partie, pensait effectivement que la vie allait profondément changer, et que ses mythes, le gouvernement et l’argent des entreprises aux travailleurs, la défense des opprimés, la solidarité, la défense des pauvres et des droits de l’homme allainet se réaliser.

Il osa appeler quatre ministres communistes au gouvernement (il a progressivement fait passer ce parti de 25% à 6% des suffrages) ce qui ne manqua pas d’irriter les américains, et de provoquer de la part du président une réaction vive Reagan se fâche, Reagan proteste, et alors ce jugement est son affaire, la décision est la mienne. Ce qui fit dire à Jean Lacouture que le plus gaullien des socialistes était à l’Elysée.

Il faut reconnaître que le nouveau président a commencé par tenir ses promesses d’abord l’abolition de la peine de mort, la retraite à 60 ans, la cinquième semaine ce congés payés, une revalorisation importante su SMIC et du minimum vileillesse. Comme titrait Libération les pauvres sont plus riches. Et aussi les radios libres et une grande loi de décentralisation. Sa première année fut ainsi marqué par des réformes importantes, en ligne avec son programme.

Mais la relance souhaitée n’a pas eu lieu , et les déficits (public, commercial) se sont creusés. Le président demande à son conseiller Jacques Attali, comme un paysan, qu’avons nous dépensé, pour qui? C’est alors, en 1884, seulement trois ans après avoir été élu qu’il va prendre une des décisions majeures de son septennat. Il décida de rester dans l’Europe et de revenir à une certaine rigueur économique. Fixation des prix et des salaires, ce qui permettra de juguler l’inflation, et de préserver l’équilibre des finances publiques. Il avait aussi compris qu’il était essentiel de protéger les entreprises et de leur permettre de se développer. Les entreprises nationalisées ont d’ailleurs été des exemples de bonne gestion, mais il du fermer la sidérurgie française.

C’est sans doute sur le plan politique la grande leçon. Si elle veut durer, la gauche dite de gouvernement doit intégrer les contraintes de l’économie occidentale, respecter les grands équillibres et favoriser les entreprises. La France doit rejoindre l’Europe libérale. Il apprit à la gauche à gouverner, elle le fera quatorze ans avec lui, mais il changera peu son discours.

François Mitterrand fut un batisseur. Il commença avec panache à construire la pyramide du Louvre dans le palais des rois de France. Comme Louis XIV, il aimait les bâtiments selon son ami Badinter. Il développa aussi, comme de Gaulle un style très monarchique, c’était un nouveau souverain républicain.

Il sut donner à la France une génération de dirigeants brillants avec Robert Badinter, Jacques Attali, Hubert Védrine, Lionel Jospin, Anne Lauvergeon, François Hollande, Ségolène Royal et Laurent Fabius.

Il fit aussi la guerre sous l’égide de l’ONU avec les américains contre l’invasion du Koweit par Saddam Hussein, et sut l’expiquer aux français qui ont apprécié.

Il apprit l’alternance à la France, puisqu’après son élection, il sut gérer avec brio deux ans de cohabitation, et se présenter ainsi comme un président d’opposition ce qui lui permit en 1988 d’être brillament réélu avec 54% des suffrages. Ce n’était plus le socialiste, mais le père de la nation, celui de la France Unie et de la lettre à tous les français, un programme unitaire.

Son grand projet politique fut et restera l’Europe qu’il développa sans relache avec son ami le chancelier Helmut Kohl. On se souvient de l’image du pérsident prenant sa main devant l’ossuaire de Verdun. Pour Kohl, un allemand à Verdun est ce possible? Réponse de l’intéressé oui autant de morts ça impose le respect. Il fut notamment l’architecte de la monnaie unique et du traité de Maastricht.

Sur le plan personnel, il aimait écrire. D’ailleurs avec Jack Lang sa polique culurelle fit partie, avec celle de Malraux des grands moments de la culture française. Il nous révéla sur la fin une vie personnelle très romanesque avec deux familles, et une fille longtemps cachée Mazarine, la fille d’Anne Pingeot son grand amour.

Le président ne laissait pas les français indiffrénts. On l’aimmait, ce fut mon cas, ou on le détestait. Il a sucité un très grand nombre de livres et de commentaires.

Que nous a t il appris? D’abord à mon avis, qu’il faut savoir allier des objectifs humanistes de la gauche avec une rigueur économique qu’on pourrait appeler de droite. Et que l’avenir de la France c’est l’Europe. Il s’inscrivit dans ce chapitre dans la grande traditions des présidents de la république française. Il nous montra que pour diriger la France, il faut une personnalité forte qui sait s’imposer et parler aux français, une personnalité finalement assez proche de celle du général, son illustre rival.

Et pour finir deux de ses textes que j’aime beaucoup.

D’abord la préface de la mort intime de Marie de Hennezel. « COMMENT MOURIR ? » Telle est la question que pose sans détours François Mitterrand dans la préface d’un ouvrage intitulé La Mort intime. « Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne, écrit l’ancien président de la République. Des civilisations, avant nous, regardaient la mort en face. Elles dessinaient pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elles donnaient à l’achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sècheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle.  

Ses derniers voeux de président, avec les forces de l’esprit.« L’an prochain, ce sera mon successeur qui vous exprimera ses voeux. Là où je serai, je l’écouterai, le coeur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m’aura si longtemps confié son destin et plein d’espoir en vous. Je crois aux forces de l’Esprit et je ne vous quitterai pas. Je forme ce soir des voeux pour vous tous, en m’adressant d’abord à ceux qui souffrent, à ceux qui sont seuls, à ceux qui sont loin de chez eux. Bonne année, mes Chers Compatriotes. Bonne année et longue vie. Vive la République, vive la France ! » 

Et enfin l’hommage de sonn successeur, Jacques Chirac  

Ma situation est singulière, car j’ai été l’adversaire du Président François Mitterrand.
Mais j’ai été aussi son Premier ministre, et je suis, aujourd’hui, son successeur. Tout cela tisse un lien particulier, où il entre du respect pour l’homme d’Etat et de l’admiration pour l’homme privé qui s’est battu contre la maladie avec un courage remarquable, la toisant en quelque sorte, et ne cessant de remporter des victoires contre elle.
De cette relation avec lui, contrastée mais ancienne, je retiens la force du courage quand il est soutenu par une volonté, la nécessité de replacer l’homme au cœur de tout projet, le poids de l’expérience.

Seuls comptent, finalement, ce que l’on est dans sa vérité et ce que l’on peut faire pour la France.

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